Taurus : "Aimer une personne et presque tout quitter pour elle, mais quelle c******* !"

Taurus : "Aimer une personne et presque tout quitter pour elle, mais quelle c******* !"

Interview de l'ex-exclusif de Raging Stallion qui initia une formidable "French Touch" sur le sol américain. Il recevra un prix spécial aux "ADUFF Awards 2023"…

S’il y a 20 ans Taurus n’avait pas été à la Venus Fair, salon international du X de Berlin, l’histoire de Raging Stallion, l’aura internationale de François Sagat et le nombre conséquent d’autres Français ayant tourné des pornos gays aux États-Unis dans les années 2000 auraient été autres. En apprenant que Taurus sera le 10 juin prochain à Barcelone pour y recevoir un prix spécial aux ADUFF Awards 2023, l’idée d’une interview s'est présentée comme une évidence. Comme celle de rappeler son rôle dans ce qui fut surnommée la « French Touch » dans le X gay US. C’est dans le Marais, aux Marronniers, que nous nous sommes donné rendez-vous. On se revoit avec plaisir et émotion 20 ans après notre toute première rencontre professionnelle. Taurus était alors acteur débutant et moi journaliste depuis presque 3 ans au sein du magazine Gay Video

TAURUS

Photo : Thomas Laconis

FILMOGRAPHIE PARTIELLE - ACTEUR
• 2 scènes (GayFrenchKiss) • 10 scènes (HPG) • Voyeur !, Military Punishment, Harcèlements au chantier (Mack Prod) • Gay Country Club (Sabrina Ricci/SRM) • Plaisirs multiples (Stéphane Berry Production) • Liquid London Studs 1 (Liquid London) • French Kiss (Red Devil) • Last Call : Histoire d’une trahison (Dark Ink) • Ti'Touch : Passage à l’acte (JBR Media) • Pokin’ In The Boys Room, Party in the Rear (MonsterBang/Raging Stallion Studios) • Stalked 2, Studs, Tough as Nails, Forbidden Dreams (Raging Stallion Studios) • Toolbox Trilogy 3: Screwed, Construction Zone 1: Blue Collar Butthole, Construction Zone 3: Working Class Ass, Hole Sweet Hole, Fistpack 5: Anal Tap, Fistpack 6: Can Openers, Fistpack 7: Twist My Arm, Fistpack 8: Elbow Room, Fistpack 9: Stretch, Fistpack 10: Best in Hole, Fistpack 15: Fist Fuck (Fisting Central/Raging Stallion Studios) • ManPlay 15, 110° in Tucson (TitanMen) • A Night At Bruno’s (Rascal Video/Channel 1 Releasing) •

FILMOGRAPHIE - RÉALISATEUR
Tough as Nails (Raging Stallion Studios) • Fistpack 10: Best in Hole, Fistpack 14: ManCaves, Fistpack 15: Fist Fuck (Fisting Central/Raging Stallion Studios) •

Thom : Porn star internationale, réalisateur, agent d’acteurs, Taurus, tu peux t’enorgueillir d’une carrière exceptionnelle dans l’industrie du X gay. Elle avait débuté en 2003…
Taurus : Acteur, réalisateur, agent et j’avais une quatrième corde à mon arc. J’étais responsable commercial et marketing chez Raging Stallion, pour la France. Avant moi, Raging Stallion en France, ce n’était rien. Il n’y avait qu’un seul distributeur exclusif pour toute l’Europe (Foerster Media, basé en Autriche -NDLR) et il ne mettait pas en valeur le studio. Moi, j’ai fait tombé l’exclusivité, j’ai lancé le business en France et on avait réussi à battre en chiffre de vente de DVD Hot House. Déjà, le fait d’avoir fait venir François Sagat aux États-Unis, l’avoir signé en exclusivité dès son arrivée à San Francisco, y a fait aussi. Puis on a lancé une team de Français : Rémy Delaine, Gérald, Matthieu Paris, Fred Faurtin, David Castan, Nicolas Torri (malheureusement décédé depuis)…  Ça a intéressé la presse, intéressé des Français qui ont voulu y être et vivre leur American Dream. (Sur cette team de Français au sein de Raging Stallion, voir notre article : FOREVER FALCON | 50e anniversaire de FALCON STUDIOS - Partie 7)

San Francisco, octobre 2005. Taurus me servant de guide chez Raging Stallion. J'y ai notamment retrouvé François Sagat, Rémy Delaine, Fred Faurtin… S'il n'était pas encore le réalisateur "Taurus Dean", il assistait déjà JD Slater, Ben Leon et Chris Ward sur les tournages… 
- Photos : Thom

Ton premier film, c’était “Voyeur !”, chez Mack Prod ?
J’avais en fait commencé avec Stellio Prod. Une boîte vidéo sur le Net, qui est toujours là d’ailleurs sous le nom de GayFrenchKiss. Deux scènes avec eux, mais ce n’était pas ce que je recherchais à l’époque. J’avais l’idéal américain. C’était les débuts du Net et j’avais un copain qui m’a orienté vers HPG. Tu sais, dans le porno, on ne se fait pas tout seul. Souvent il y a un copain qui t’y amène. Ma première scène chez HPG, c’était avec un acteur français qui était connu, Pascal Bruno. Et là HPG m’a dit : « Toi tu es né pour faire ça » ! (Rires.) D’accord. Je ne sais pas comment je devais le prendre, mais je l’ai pris. (Rires.) Du coup il m’a proposé de signer un contrat pour dix scènes. J’en ai fait quelques-unes tout en m’ouvrant  au casting d’autres studios. À l’époque on avait tous les petits gratuits, il y avait des annonces pour des castings de films porno. C’était bien. Le premier casting que j’ai passé, je l’avoue, était bidon. Je me suis fait avoir comme tout le monde je crois.

C’est-à-dire ?
Le mec te demande de te foutre à poil, il veut faire des photos, il essaie de te toucher, si tu craques, tu baises avec, si tu craques pas, tu t’en vas. Et il n’y a jamais de film derrière.

C’était avant MeToo !
Oui. Ensuite j’ai passé un casting avec Mack Manus. Quatre heures après, ils m’ont rappelé pour un tournage. J’ai dit OK. Et ça été “Voyeur !”, mon premier film sorti en DVD. Il s’est toutefois avéré que le cameraman, qui était très gentil, très sympathique, avait oublié qu’il existait quand il a filmé. Il y avait son ombre sur nos corps tout le long du film. Mack Manus a dû jeter les rushs et m’a demandé de revenir pour retourner la scène. J’ai dit oui, que je le ferais gratuitement, sauf à me défrayer. C’est à ce moment qu’on a fait des séances photo, et ça c’est retrouvé chez Gay Video, dont tu t’occupais, et dans un autre magazine dont j’ai oublié le nom. On avait aussi fait des photos privées, à la plage, entre nous, sauf qu’elles étaient sur le même CD que Pascal Robert (distributeur de Mack Prod) avait envoyé à ce magazine qui les a publiées. Quand j’ai vu ça, j’ai fait un bond, ça m’a agacé, je les ai contactés, on s’est expliqué, on n’est pas allé plus loin. On est devenu potes. Comme je suis devenu pote avec toi. Tu te rappelles…

Oui, et je sais qu’il y avait aussi eu un problème…
Je vous avais contactés parce que pour “Voyeur !” Mack Manus m’avait dit que les photos, c’était pour faire la pub du film. Or vous en aviez fait un roman photo. Et ça m’avait agacé. Qu’au moins je sois prévenu. Et c’est comme ça que j’ai pris contact avec toi, qu’on a fait connaissance dans un café près de l’Amazonial.

Réalisé par Mack Manus, “Voyeur !” comportait une scène hotissime entre Mack et Taurus. Le film avait bénéficié d'une critique élogieuse sous la forme d'un roman photo dans le Spécial Gay Vidéo n°55 de septembre/octobre 2003. 

L’évocation de ce passé me rend nostalgique d’une époque où nous foncions avec détermination dans l’univers fantasmatique du porno gay, toi dans les films, moi dans la presse.
La nostalgie est forcément présente quand on se voit. Nous sommes toujours là. Nous avons été chanceux. Des aventures avec des journalistes, je n’en ai pas eu des masses. Il y a eu toi, un autre et Têtu ainsi que Nicole la seule femme qui détenait les droits de Honcho et All Man en France. Et tu es le premier avec lequel j’ai eu une vraie relation de potes. On se voyait tout le temps, dans les soirées, dans les salons, en France, en Allemagne, aux USA…  Tu étais partout où j’allais.

(Rires.)
Après “Voyeur !” j’ai pas fait grand chose, sauf à entrer dans l’écurie de Mack Manus afin de devenir son acteur phare : on a tourné “Military Punishement”. Entre-temps, j’ai refait des castings, j’ai continué de tourner pour HPG en respectant mon contrat de 10 scènes au total, pas plus. Ça ne m’intéressait plus. Après avoir gouté à Mack Manus, j’avais atteint un autre niveau. J’ai ensuite tourné avec Sabrina Ricci, Les Pompeurs, des boîtes qui ont coulé. J’ai aussi travaillé avec Titof…

Oui, le fameux “Ti'Touch : Passage à l’acte”…
Un film événement !!! Et j’ai failli travailler avec Jean-Daniel Cadinot. il m’avait pris pour un casting, j’étais allé chez lui, on avait fait une séance photo et l’acteur qui devait travailler avec moi étant malade n’avait pas pu venir. Je n'ai donc pas tourné la scène prévue. Quand par la suite Cadinot m’a rappelé c’était ce fameux week-end où nous étions ensemble à Berlin. « Tu fais quoi ce week-end ? » Je lui réponds : « Là je suis à Berlin, je prends le train dans la nuit, on arrive à Paris et la nuit suivante j’ai un show au Queen. » Je commençais à être populaire. Cadinot me dit qu’il avait envie que je tourne pour lui le dimanche suivant ma performance. « Eh bien non, Jean-Daniel, je ne peux pas, je ne vais pas faire mon show au Queen et tourner le lendemain. Je serai dans un état pitoyable. » Ça l’a agacé et il m’a dit : « Oh oui, tu préfères montrer ton cul au Queen pour quelques euros. » J’ai répondu que oui, que je respecte mon contrat. J’ai toujours été réglo. Je n’ai donc pas tourné avec Jean-Daniel. Mais quand j’ai fait “Ti'Touch”, il est venu me voir et m’a dit que j’avais fait un très beau film et qu’on travaillerait peut-être ensemble. Mais il est arrivé ce qui lui est arrivé. On n’a jamais travaillé ensemble. Sauf des photos que je n’ai jamais vues. Je ne sais pas où c’est allé. Ça a dû partir à la poubelle.

Berlin, octobre 2003 ! Une rencontre au salon Venus Fair et une performance improvisée avec brio au KitKat Club qui ont eu tellement de conséquences par la suite… 
- Photos : Hustlaball

Ta rencontre à Berlin avec Michael Brandon, porn star US qui avait son propre label au sein de Raging Stallion, Monster Bang, a fait prendre un tournant majeur dans ta carrière. Voici un extrait de ce que j’avais écrit sur toi dans le Gay Video N°65 de Juin/Juillet 2004. C’était à l’occasion de la sortie US de ton premier film américain : “Pokin’ In The Boys Room” : « … on s’est vu au salon (Venus Fair) et retrouvé à la soirée porno qui avait lieu au KitKat Club. Chi Chi LaRue, Michael Lucas, Matthew Rush, Michael Brandon et d’autres pornstars étaient de la partie et c’était ultra-hot. Eh bien qui ai-je vu sur le podium en compagnie de Michael et de l’acteur Tony Serrano ? Taurus ! Il n’était pas prévu dans le show, mais il a su si bien chauffer Michael qu’il l’a invité à se joindre à eux. À ce moment, j’ai vu un acteur français faire partie du gratin du X international. Taurus et Michael sont restés en contact et cela donne aujourd’hui “Pokin’ In The Boys Room”, un hit aux États-Unis… »
Ce qui s’est passé en Allemagne a fait que tout est allé très très vite pour moi. Je rencontre Michael Brandon, il me rappelle le soir - sobre à l’époque, il ne prenait ni drogue ni alcool -, et il me dit qu’il avait envie de dormir avec moi- c’était trop mignon - je lui ai dit que non, que je ne pouvais pas car dans quelques heures je devais prendre le train et que je repars à Paris. Il m’a demandé si j’aimerais tourner pour Raging Stallion, j’ai dis pourquoi pas. On est resté en contact. Et un mois après j’étais à San Francisco en train de tourner mon premier film pour Raging Stallion : “Pokin’In the Boys Room”. Un film qui a été énormément décrié…

Décrié ? Pourquoi ?
À cause des éjaculations buccales. Et en plus, Raging en faisait la promotion sur la jaquette « Oral Cum Shots ». Alors que Têtu m’avait fait plusieurs interviews avant de devenir acteur sur le sol américain, là ils m’ont insulté.

Insulté ?
J’étais aux États-Unis encore pour un mois quand ce scandale m’a été révélé par mon cousin qui lui lisait Têtu. Il me dit : « Tu es séropositif ? » Parce que Têtu me traitait de « lope à jus » et de faire du « bareback ».

C’est vraiment ce qui a été écrit ? “Bareback” se réfère pourtant à la sodomie sans capote.  
C’est ce que j’ai dit. Sauf que même Titan avec qui j’avais travaillé dans “ManPlay 15” et “110° in Tucson”, m’a blacklisté en me disant que j’avais fait un film “bareback”. J’ai fait une émission sur PinkTV, où Alex Taylor a commencé l’interview en m’attaquant, en me disant que je m'exposais dans des films “bareback”. Je lui ai demandé : « Est-ce que tu peux me donner la définition du mot “bareback” ? » Il me l’a donnée et je lui ai dit de me citer un film où l'on me voit faire ça. En tant que journaliste il était mal renseigné car il n’y avait aucun film “bareback” dans ma filmographie. Je lui ai expliqué tout ce qui s’était passé avec Têtu, comment il m’avait traité. Quand François Sagat a signé son contrat d’exclusivité avec Raging Stallion, j’ai imposé comme règle aucune éjac buccale.

J’ignorais que cela avait pris une telle proportion…
Après tu as du mal à retourner en France. Stéphane de Citébeur m’a aussi dit qu’il ne me prendrait pas à cause de ça.

Pokin'In the Boys Room. L'histoire ? Les toilettes trashy d'un bar sert de baisodrome aux clients et employés. La perversité du scénario ? Ce bar est un lieu de rendez-vous de couples hétéros. En clair, les maris baisent entre eux ou avec les barmans pendant que les femmes papotent sans se douter de rien. Le plus du DVD ? Le choix entre deux versions du film : une version complète et une autre qui zappe les scènes de transition où l'on voit les femmes discuter de leur si fidèle époux.

Par rapport à Raging Stallion, l’histoire officielle du studio tend à oublier des noms pour ne retenir que celui de Chris Ward. Or le label appartenait aussi à JD Slater et Michael Brandon.
Ce qui s’est malheureusement passé, c’est que Michael Brandon est retombé dans la drogue et n'était plus en capacité de garder son poste. Quant à JD, il avait toujours été dedans. Je pense que Brandon et Slater on vendu leur part facilement à Chris Ward. Ils font partie de la génération d’avant, ils consommaient des produits, ils ont vécu des extrêmes, ils ont vieilli un peu plus vite que tout le monde. Quand Chris Ward a atteint l’apogée, j’étais moi-même choqué quand il a vendu, il avait une si super équipe, Kent Taylor, Ben Leon… J’ai essayé de reprendre contact avec eux, pour savoir comment ils allaient, mais je n’ai plus de nouvelles. Raging existe toujours, mais sous une autre structure et ils font du bareback. Si demain je retournais, je ne ferais pas de bareback.

Quasiment tous les studios tournent aujourd'hui sans capote.
Eh bien il  n’y aura pas de comeback. Ce n’est pas que j’ai peur du sida. Mais j’estime qu’un film de cul est malheureusement un film éducatif. Je pense aux gamins qui sont à la campagne qui ne voient sur Internet que des films bareback. Pour eux, le sida n’existe plus, voire n’a jamais existé. Ils vont se faire enculer ici et là. Le plus grand taux de contamination ce sera les jeunes. Et il y a plein de jeunes aujourd’hui qui sont contaminés. Moi j’en vois plein qui marquent HIV + sur leur profil. Donc si je retourne, ce sera avec capote, non parce que j’aime ça, mais parce que j’ai un message. Après je peux toujours faire un comeback dans le fist.  
Du reste, au-delà du bareback qui est devenu la règle, je ne tournerai plus car le porno n’est plus ce que c'était. Aujourd’hui tout le monde peut en faire…

Justement, ton OnlyFans, c’est pour quand ? (Rires)
Tous mes potes me disent : « Mais putain, filme-toi chez toi, fais ton OnlyFans ! » Des fois je me dis pourquoi pas ? J’ai 49 ans, j’estime que je ne suis pas dégueulasse. Mais on ne peut pas être et avoir été. Il y a un moment ou un autre… Oui, je peux faire des films de cul, mais j’estime avoir atteint un niveau et que ce ne sera plus jamais comme avant. Toi qui viens de la presse, tu as vu le déclin de celle-ci. On est un peu synchro. Les magazines de qualité sur le porno ont disparu. Les films porno de qualité disparaissent. Comme je disais à ADUFF, aujourd’hui il n'y a plus de vrais films avec scénario et on paie un acteur 100 euros. 100 euros !? Je touchais 1 200 dollars quand j’ai débuté chez Raging et 1 500 dollars quand je suis devenu leur exclusif. Il y a un problème dans l’histoire. Ils vendent plus qu’avant, parce que je ne te dis pas le nombre de clics que ça peut rapporter, qu’ils arrêtent de nous dire qu’ils ne font pas d’argent.

En même temps, l'arrivée des Tubes a ébranlé le modèle économique de l’industrie du porno. Les studios, des acteurs aussi, parlent de piratage et d'un manque à gagner énorme. Toutefois, sortent toujours des films porno avec scénario. L’amateur coexistera toujours avec un porno qui lorgne vers le cinéma. Quant à la paie des acteurs, n’a-t-elle pas toujours été pour la plupart un accessoire et non le principal de revenus provenant surtout de l’escorting ?
C’est vrai qu’on est presque tous escorts à un moment ou un autre. Les films porno, ça leur fait de la publicité via aussi leur OnlyFans. Mais de là à accepter de tourner pour 100 euros ? Pour moi ce ne sont ni des acteurs porno ni des « porn stars » comme tu le dis. Beaucoup de ceux que j’ai connus aux États-Unis avaient des ambitions. Ils ne sont pas restés escorts, ils ne sont pas mariés avec des vieux riches. Ils sont devenus avocats, travaillent dans des hôpitaux, sont charpentiers, ont ouvert leur club de gym, ont leur grosse affaire… Ricky Sinz, aujourd’hui papa d’une gamine, a une vie de rêve.

Il était super.
J’ai adoré cet acteur. On est toujours en contact.

Ricky Sinz ! Pour faire la promotion de “Grunts”, il était venu à Paris avec d'autres exclusifs US de Raging Stallion (Steve Cruz et Antonio Biaggi) ainsi que Kent Taylor, le photographe attitré du studio. Une occasion de faire des photos hard pour le magazine Gay Vidéo… 
- Photos : Raging Stallion Studios et Thom

Avec qui d’autres es-tu toujours en relation ?
François, quand on se croise, on a le temps de se dire un bonjour, Matthieu Paris, on s’envoie des petits coucous de temps en temps, Fred Faurtin aussi, Gérald également qui vit en Allemagne. On reste en contact tant qu’on est vivant.

Ton dernier film au sein de Raging Stallion, “Fistpack 15: Fist Fuck”, date de 2007. Tu n’y es pas acteur, mais réalisateur.
Parti trois ans aux États-Unis, je suis revenu en France, j’ai continué de travailler pour Raging Stallion pendant encore un an et ensuite j’ai tiré ma révérence. Mais il est vrai que j'avais commencé à diriger quelques films.

Pourquoi avoir arrêté ? Tout semblait aller si bien pour toi aux USA. Tu aurais pu évoluer comme Steve Cruz, porn star devenue réalisateur au sein de Raging Stallion et on connaît la suite.
Ma plus grande frustration est d’avoir gagné un award pour une de mes réalisations "Tough as nails" et d’avoir dû arrêter. Si je n’avais pas fait une dépression, je serais resté dans le milieu.

Dépression ?
Mon retour en France n'a pas été si facile que ça. Reprendre mon travail comme conducteur de métro, retrouver Paris, faire face à certaines personnes mauvaises… Mais j’avais fait ce choix de rentrer car j'avais rencontré un Français…

Oui, vous étiez très amoureux…
Lui ne supportait pas que je sois acteur. Alors qu’il m’avait rencontré en tant qu’acteur. C’était même un de mes fans. Je sais pas, j’ai pas fait attention, et il m’a amené plus bas que terre. Au bout d’un an j’étais en dépression et je ne m'en étais même pas rendu compte. J'ai fini par le quitter en admettant que je l'aimais mais que l'on était pas fait pour être ensemble. Malheureusement j'étais très affecté et j’ai fait une tentative de suicide après l’avoir quitté. J’avais 33 ans.

L’amour, c’est mauvais ?
Je ne dirais pas ça, mais il est vrai que j'ai du mal à me remettre en couple. Aujourd'hui je fais attention et j'essaye de me préserver. J’ai eu recours à une thérapie pour aller mieux. Et aujourd’hui il est clair que je ne commettrai plus cet acte et surtout pas par amour. Aimer une personne et presque tout quitter pour elle, mais quelle connerie. Du coup j’ai manqué le train. Si je n'avais pas eu cette dépression, je serais  probablement resté avec Raging Stallion. J’aurais dirigé de temps en temps des films, j’aurais continué dans l'industrie pornographique.

Ta vie aujourd’hui ?
J’ai toujours eu un travail à côté du porno. J’avais pris trois années sabbatiques de la RATP, que j’ai fini par quitter. J’ai repris deux fois mes études et  là j’ai appris que je pouvais intégrer une troisième école. Je vais devenir développeur Web si tout se passe bien. Je suis un caméléon. Je me donne neuf ans de vie dans une entreprise, et en général je m’en vais. De 2000/2009,  j’ai fait 9 ans à la RATP. Pôle Emploi, j’ai aussi fait 9 ans même si je pensais sincèrement que ce serait mon dernier job car j’adorais mon travail. Mais apparemment ce n'était pas le cas, cependant j'espère que cette fois j'irai jusqu'à la retraite. (Rires). Pour le reste, je suis toujours un cœur à prendre.

Comment s’est faite la rencontre avec ADUFF ?
J’ai toujours mon profil Taurus sur Facebook. De temps en temps j’y mets deux trois photos pour flatter mon ego, il ne faut pas se mentir. Et je réponds assez souvent aux gens qui m’envoient des messages. Je rencontre des gens. C’est sympa. Il y a les relous de services, forcément je les zappe. Tu connais les “stalkers”, on en avait parlé aux États-Unis. (Rires.) Donc ceux-là, non. Un jour j’ai échangé avec Juan d’ADUFF et apparemment on s’était déjà rencontré lors d’une séance de dédicace. Il m’a dit un jour qu’il aimerait me nommer. Au début je me suis dit que c’était encore un mytho, qui veut me voir et baiser avec moi. Eh bien non, pas du tout. On s’est parlé, il y a eu ensuite un silence, et là il est revenu vers moi : « Tu sais, tu es toujours dans la nomination comme acteur d’honneur." J’ai dit OK. Et on a tout mis en place dernièrement. Ce que j’aime chez lui c’est qu’il fait vivre le porno, il croit au porno, il organise des soirées.  Il n’y a pas encore d’œuvres caritatives, comme on avait l’habitude d’en faire aux États-Unis, mais qui sait ? 

Photos : Thomas Laconis 

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