Arrêté par les forces spéciales de la république russe du Daghestan, le créateur de contenus USSRboy avait été utilisé comme "appât" par un "chasseur de gays" et des policiers pervers

USSRboy, le 27 févier 2022 : « Acteur porno russes ≠ Poutine »
USSRboy, le 2 mars 2022 : « Je suis fier d’être Russe. La Russie, c’est Tchaïkovski et Dostoïevski. La Russie, c’est Tsiolkovski et Korolev. La Russie, c’est t.A.t.U. La Russie, ce n’est pas seulement Poutine. »
Suite à l’invasion de l’Ukraine le 22 février 2022 par la Russie, le créateur moscovite de contenus USSRboy ne s’était pas tu. Se faisant le porte-voix d’un underground qui ne peut ni ne veut être assimilé au président Vladimir Poutine, il s’était fait une joie de citer des grands noms, artistiques et scientifiques de son pays, pour minimiser l'importance du chef d’état.
USSRboy pouvait-il être inquiété par un policier zélé ? Être ouvertement gay en Russie, y faire du porno, et prendre ses distances, voire s'opposer publiquement aux discours officiels, tout nous semble à haut risque. Rappelons que c'est à cause de cette insécurité existentielle que les porn stars gay russes Dmitry Osten (lire ici) et Mars Barcelona (et là) ont fui leur pays pour l'Espagne. Depuis qu'il s'est fait piéger par un influenceur islamiste “chasseur de gays” à Makhatchkala, la capitale de la république russe du Daghestan, USSRboy doit regretter de ne pas avoir fui pareillement, comme tant d'autres…

USSRboy sex-tapait principalement à Moscou avec des hommes cis ou trans.
Photos : USSRboy et Wimm Incubus

Il s'aventurait aussi dans d'autres états de la fédération de Russie, osant même la Tchétchénie, tristement célèbre pour ses purges anti-gays.

Facétieux, USSRboy postait aussi sur X des pics homoérotiques provenant de l’époque soviétique, dont des œuvres d’Alexandre Deïneka, peintre et affichiste officiel de l’URSS, récompensé du prix Lénine en 1964.

Toute cette liberté d'aller, de faire, de dire et de montrer a soudainement pris fin en mai 2024. Voici les faits tels qu’ils transparaissent à travers différents médias russes :

PIÉGÉ(S)

Le jeudi 23 mai 2024, USSRboy a pris l'avion pour Makhachkala, au Daghestan, en réponse à une collaboration. Des “fans” lui avaient affirmé y avoir loué un appartement pour des tournages porno. Ses “fans” se sont avérés être des agents du Centre de lutte contre l’extrémisme, une unité spéciale au sein de la police de la fédération russe qui cherche à poursuivre en justice les individus ou les groupes accusés de promouvoir des idées ou des valeurs extrêmes. En Russie, la promotion LGBTQ est de l'extrémisme ! Sic Les policiers ont battu USSRboy, lui ont confisqué son téléphone et ont utilisé son compte Telegram - à environ 28 000 abonnés - pour piéger des gays. Plusieurs de ceux qui sont venus dans l'appartement “pour y boire et baiser” ont été arrêtés et des détentions ont lieu au moins depuis début juin. Certains ont été libérés “dans des conditions inconnues”. Notons qu'un couple pris au piège est arrivé à l'appartement et a été filmé en train de baiser avec USSRboy par les policiers avant d'être arrêtés. Quelle perversité !!!

“LE CHASSEUR DE GAYS”

Entre-temps, le samedi 25 et le dimanche 26 mai, l'influenceur Gadzhimurad Shamilovich, qui s'autoproclame “vulgarisateur des valeurs morales et éthiques” et qu'on surnomme “le chasseur de gays” s'est vanté sur les réseaux sociaux d'avoir organisé à Makhachkala une descente dans un “repaire gay”. Quel est le lien entre cet influenceur et la police ? Est-il un de ses agents ? Est-il amis avec un ou plusieurs d'entre aux ? Il a eu en sa possession le Smartphone de USSRboy et s'est répandu en insultes sur des abonnés Telegram du créateur de contenus. Le CV connu de cet influenceur laisse perplexe : de son vrai nom Gadzhimurad Khanov, il avait été imam à Berlin sous l'alias de Murad Ataev.

En 2016, alors âgé de 30 ans, il fut condamné à 2 ans et demi de prison en Allemagne pour avoir contribué à la radicalisation de centaines de jeunes et même des femmes et des enfants. Via Internet, il les avait persuadé d'aller en Syrie rejoindre les terroristes de l'État Islamique. Sa peine fut courte parce qu'il coopéra activement à l’enquête. À sa sortie de prison, Il s'enfuit en Russie pour se livrer à une lutte contre les mœurs décadentes, en visant particulièrement les gays.

DES VIES EN DANGER

Accusé de “petit hooliganisme”, USSRboy a été condamné le mardi 28 mai à 10 jours de prison par le tribunal du district de Leninsky, À Makhatchkala. Le juge l'a reconnu coupable d'avoir utilisé un langage obscène. Dès le jour de sa libération, le 5 juin, il a été malheureusement une nouvelle fois arrêté. Cette fois-ci il est accusé de création et de diffusion de matériel pornographique et il risque de deux à six ans de prison. Il n'a pas reçu ses médicaments antirétroviraux contre le VIH depuis sa première arrestation, ce qui menace sa vie. Son procès était prévu dans les premiers jours d'août. Quant aux autorités russes, elles continuent d’avoir accès aux réseaux sociaux de USSRboy et devraient continuer de les utiliser pour identifier et cibler les personnes LGBTQ à des fins de poursuites.

L'ARROSEUR ARROSÉ

Ironie de l'histoire : Le mercredi 3 juillet on a appris que celui qui s'est vanté de la capture d'USSRboy a lui aussi été arrêté. Et il est fort possible que les deux hommes sont dans le même centre de détention provisoire car il n'en existe qu'un seul à Makhachkala. Accusé de possession illégale d'armes et en attente de son procè, Gadzhimurad Khanov, y restera pendant deux mois.

Arrêté par les forces spéciales de la république russe du Daghestan, le créateur de contenus USSRboy avait été utilisé comme "appât" par un "chasseur de gays" et des policiers pervers

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