Un acte sexuel consenti entre des personnes majeures et responsables peut-il être qualifié de viol ? Par une série de tweets postés le 23 janvier 2024, Ray Potts, un créateur de contenu X gay américain, a exprimé un ressenti qui est loin d’être partagé par la plupart des Internautes. Quasiment tous lui disent qu’il va trop loin, que ses accusations sont aberrantes et que c’est à lui de faire signer un contrat en bonne et due forme pour lui éviter désillusions et manque à gagner. Lui n’en démord pas : il se dit victime de viol à chaque fois qu’un mec lui demande de supprimer la vidéo qu’ils ont faite ensemble. Extraits :
« Accepter d’enregistrer une vidéo avec un créateur de contenu puis lui demander de la supprimer doit être considéré comme un viol. C’est dégoûtant que les gens manquent de respect aux porn stars tout en voulant toucher leur sexe. »
« Il faut comprendre qu’il y a des gens qui se servent de ce que vous considérez comme un travail pour obtenir de vous quelque chose que vous ne leur offririez normalement jamais. »
« Savez-vous à quel point vous vous sentez violé après que quelqu'un vous ait trompé pour avoir des relations sexuelles ? »
« "Consentement" désigne l’accord d’une personne, par ses paroles ou son comportement, à avoir des rapports sexuels. Je n’aurais pas de relations sexuelles avec ces gens avec qui je me filme si je ne gagnais pas d’argent avec ça. Ces gens veulent seulement coucher avec moi… »
Comme on l’a dit plus haut, les Internautes sont quasiment tous dans l’incompréhension. Quelques-uns soutiennent toutefois Ray Potts. Ce qu’il décrit entrerait dans la définition de viol par tromperie, à savoir la situation dans laquelle « le criminel trompe la victime pour qu'elle participe à un acte sexuel auquel elle n'aurait autrement pas consenti si elle n'avait pas été trompée. »
Via Google, on apprend que le viol par tromperie est au moins reconnu en Israël, au Royaume-Uni et en Californie. Les cas ? Un non-dit sur la transidentité, des mensonges sur la confession religieuse et le statut matrimonial ainsi que des usurpations d’identité. En France, le code pénal ne parle pas de viol par tromperie. Toutefois, depuis la jurisprudence dite « 50 Shades of Grey », l’incrimination française de viol par surprise s’est rapprochée de celle de viol par tromperie. Par un arrêt de principe du 23 janvier 2019, la chambre criminelle de la Cour de cassation a défini le viol par surprise par « l’emploi d’un stratagème destiné à dissimuler l’identité et les caractéristiques physiques de son auteur pour surprendre le consentement d’une personne et obtenir d’elle un acte de pénétration sexuelle constitue la surprise. »
Ce faisant, la cour criminelle de l’Hérault à Montpellier a été en droit de condamner à 8 ans de prison ferme ce septuagénaire niçois qui se faisait passer pour un jeune et athlétique architecte de 37 ans sur les réseaux sociaux. Il séduisait ainsi des femmes qui consentaient à venir chez lui les yeux bandés pour vivre, selon ses termes, « un moment magique » qui se transformait en cauchemar quand ces femmes découvraient après le coït sa vraie identité. Pour plus de détails, c’est ici.
Des contentieux entre créateurs de contenu porno ont pu faire l’objet de plainte. On se souvient par exemple que Bobby Ryker avait porté plainte contre August Alexander pour coups et blessures.
Un Ray Potts ira-t-il un jour se prévaloir d'être une victime de viol par tromperie/viol par surprise pour exiger une sanction pénale et une réparation de son préjudice économique et moral ? Gagnerait-il ? Tout est possible…