Comment oublier ? C’était le 20 septembre 2022. Quelques mois après avoir quitté FrenchTwinks, le label dont il fut un modèle phare, Sam Bayard décédait. Où, comment, pourquoi ? Exception faite de l’annonce de son décès par Antoine Lebel, le fondateur de FrenchTwinks, nous ne savions rien d’autre. Bien sûr, très vite avaient circulé des rumeurs, mais rien de concret.
Un communiqué du label espagnol MyDirtiestFantasy finissait toutefois par répondre à certaines de nos questions :
"C’est avec une tristesse incommensurable que nous avons à vous annoncer le décès de Lucas (Sam Bayard).
C’est une terrible tragédie pour quelqu’un de si jeune qui avait toute la vie devant lui. Nous lui dédions prières et pensées.
Il n’était avec nous que depuis quelques jours et nous n’avions pas eu la chance d’apprendre à le connaître mais nous espérons qu’il trouvera la paix au-delà.
Nous aimerions vous demander de le respecter, lui, sa mémoire et nous mêmes. Nous, çà savoir l’équipe de production, les techniciens et les modèles sommes en état de grand choc. C’est très dur. On attire de plus notre attention sur des rumeurs infondées. Pour que tout soit clair, il n’est pas mort pendant un tournage, il n’a pas fait une overdose et il ne s’est apparemment pas suicidé. Il avait des plans pour les prochains jours et en avait parlé avec tout le monde.
Il semble qu’il avait des problèmes psychologiques, et après avoir eu connaissance de ses dernières actions et du rapport de police, il était apparemment désorienté, en prise à un épisode psychotique, ce qui a conduit à un terrible et fatal accident.
Nous voulons juste mettre les choses au clair pour honorer sa mémoire et arrêter rumeurs infondées et spéculations.
Nous encourageons tous ceux qui ont des problèmes de santé mentale à chercher de l’aide. On n’a pas à souffrir seul. Nous aurions fait tout ce qui était dans notre pouvoir si nous avions su que cette magnifique personne souffrait d’un tel tourment.
Lucas, tu seras toujours dans nos cœurs."
Le 17 janvier dernier, soit près d’un an et demi plus tard, l’un des témoins du drame, Zayne Bright, a tenu à s'exprimer…
« Sincèrement fatigué de voir certains studios traiter les modèles comme des objets sexuels et non comme des êtres humains, je pense que je dois dire quelque chose. À l'automne 2022, j'ai tourné pour MyDirtiestFantasy. Je devais participer à l'une de leurs premières grandes séries avec 5 autres modèles également. Le premier soir de mon arrivée à Alicante, il y avait déjà 2 autres modèles sur place et les autres devaient arriver le lendemain. L'un des modèles déjà présents était Sam Bayard, avec qui j'avais travaillé plusieurs fois cette année-là et qui était un de mes amis à cette époque. Vers 23h30, Sam est parti chercher de la nourriture et je suis resté sur le balcon pour échanger avec l'autre modèle que je venais de rencontrer. Juste avant minuit, il y a eu une altercation avec la police qui a amené Sam à courir vers le toit et à se jeter du dernier étage, le 8ème, alors que moi et l'autre modèle étions sur le balcon juste un étage en dessous. Il a atterri la tête la première dans la rue touristique et est décédé peu de temps après. Nous en avons été tous les deux témoins et, au début, je n'avais pas réalisé que c'était Sam jusqu'à ce que je voie que ses vêtements étaient les mêmes. Puis la police nous a demandé de l'identifier et de faire une déclaration. J'étais physiquement cassé pendant toute la nuit, mais à 4 heures du matin,le même soir, les producteurs de MyDirtiestFantasy ont eu l'audace de nous demander si nous envisagions de tourner après avoir un peu dormi, indépendamment de ce qui s'était passé. La plupart des autres modèles ont annulé après avoir découvert ce qui s'était passé, à l'exception d'un qui était déjà en route à ce moment-là et pour lequel ils ne l'ont même pas réellement informé de ce qui s'était passé. Moi et l'autre modèle avons fini par lui dire à quel point c'était grave. Il a fallu plus de deux jours au studio pour nous déplacer dans un nouvel appartement à l’autre bout de la ville. MyDirtiestFantasy nous a également dit que si nous voulions partir, c'était bien, mais que nous devions le faire à nos frais car ils avaient déjà dépensé beaucoup d'argent pour un tournage raté, alors qu'ils nous avaient dit précédemment que tous les vols étaient payés. En plus de tout cela, le studio a pensé qu'il serait approprié de publier une déclaration à propos de Sam Bayard, laissant entendre que ses problèmes personnels étaient en cause et que le studio n'avait absolument rien à voir avec cela. La déclaration a depuis été supprimée mais je la joins (voir plus haut - NDLR)… Je ne blâme pas du tout MyDirtiestFantasy pour la tragédie qui s'est produite, mais je pense qu'ils ont été extrêmement peu professionnels dans la manière dont ils nous ont traités par la suite. Je ne recommanderais à personne de filmer ou de soutenir ce studio après tout ce que j’ai vécu. Repose en paix Sam. »
Jusqu’à maintenant, nous ignorions comment était décédé Sam Bayard. Le savoir réactive notre chagrin. Cela soulève aussi d’autres questions. Quant au comportement de la boîte de prod qui désirait maintenir les tournages, attention de ne pas juger trop vite. Le monde de l’entertainment est régi par une règle résumée par l’expression « The show must go on ». Quoi qu’il arrive, le spectacle continue. À toute règle il y a bien sûr des exceptions. Quand on est jeune comme Zayne Bright et qu’on n’a ni la force ni l’envie de jouer, et plus précisément baiser, alors qu’un ami et un collègue vient de décéder horriblement sous ses yeux, il apparaît évident que les tournages ne pouvaient plus se faire et qu’il était même indélicat de le demander. On dit « apparaît » car d’autres qui ont vécu des situations pareillement éprouvantes ont continué de faire le show. Un exemple nous vient immédiatement. Le comédien Roland Giraud était venu jouer sur la scène du théâtre le jour-même où on lui avait annoncé que sa fille unique et la compagne de celle-ci avaient été assassinées : « Cela a été terrible… Je suis allé au théâtre parce qu'on jouait. Toutes les radios, toutes les télés l'avaient annoncé, je ne vous dis pas dans quel état mes camarades m'ont accueilli... J'ai dit 'on va jouer', alors j'ai joué, mais je ne vous raconte pas dans quel état. J'ai joué, j'ai joué comme un zombie. »