Première plateforme de streaming LGBTQ+ en France, QueerScreen peut s’enorgueillir de séries, de films et de documentaires qui sont autant de pépites. Chaque semaine nous en chroniquerons une. On commence par Darkroom du réalisateur Rosa von Praunheim. Sorti en salle en Allemagne le 30 janvier 2020, le film a été précédemment présenté à plusieurs festivals, comme Chéries-Chéris en 2019. Voici la bande-annonce :
Pour apprécier au mieux le propos d’un film qui a pour héros un tueur en série gay - un sujet ultrasensible ! -, nous avons jugé bon de le contextualiser :
FLASHBACK 1 En mai 2012, le « meurtrier des darkrooms », comme l’avaient surnommé les médias allemands, était enfin arrêté (voir ici et là). Âgé de 37 ans et originaire de Sarrebruck, Dirk P. sévissait à Berlin depuis le mois d’avril de la même année. Il administrait à ses victimes des doses mortelles de GHB afin de les voler alors qu’il n’avait aucun problème financier. Trois hommes sont décédés. Un autre a pu être sauvé. Condamné, Dirk P. s'est suicidé en 2014 dans le service hospitalier de la prison.Darkroom est très inspiré de cette affaire qui a bouleversé la communauté gay berlinoise. Rosa von Praunheim s’est associé à la journaliste judiciaire Uta Eisenhardt pour écrire le scénario. Les noms et certains faits ont toutefois été modifiés pour en faire une œuvre de fiction et non un documentaire.
FLASHBACK 2 Sorti en salle en juin 2013, L’inconnu du Lac d’Alain Guiraudie offre à Christophe Paou le rôle de Michel, un serial killer gay. Cultissime, ce film français n’en a pas moins désarçonné certains spectateurs. Parce qu’on n’est pas dans la tête du tueur, on se sait pas exactement pourquoi il élimine ceux qui veulent de lui une relation durable. Et jamais on ne le saura car il disparaît à la fin, laissant seul Franck (Pierre Deladonchamps) qui est parvenu à lui échapper. À moins que le beau et dangereux Michel ait décidé de le laisser vivre ?
Dans Darkroom, on est au contraire dans la tête de Lars Schmieg, le « meurtrier des darkrooms ». S'il garde une part de mystère, nous, spectateurs, ne pourrons pas dire qu'on ne sait rien de ses motivations. Question physique, l'acteur allemand qui l'interprète, Božidar Kocevski, n'a peut-être pas la beauté évidente de Paou. Mais son corps athlétique et velu est bandant. Quand il plaque ses cheveux en arrière lors de ses virées meurtrières, il plaît. Du reste, Kocevski apparaît des plus sexe, le crâne rasé et barbu, sur son Instagram.
FLASHBACK 3 En novembre 2015, alors qu’il s’exprimait sur les terroristes djihadistes, le premier ministre français de l'époque s'en était pris à la "culture de l'excuse". Il a prononcé ce qu’on n’aurait jamais cru entendre d’un homme qui se dit de gauche : « …Il ne peut y avoir aucune explication qui vaille ; car expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser. » Une position qui a provoqué un tollé chez les psys et les sociologues (lire ici), mais qui n'en est pas moins dans l'air du temps. Qui veut chercher à comprendre ceux qui commettent des crimes d'une cruauté indicible ? Ou gratuits ? La tentation est si grande de les considérer comme des monstres à condamner d'office aux pires peines. D'après un sondage rendu public le 14 septembre dernier, plus d'un Français sur deux est désormais favorable à la peine de mort (lire là).Faisant alterner les flashbacks avec les scènes dans le tribunal et dans la cellule, von Praunheim cherche pour sa part à expliquer. Il agglomère les ressorts psychologiques et sociologiques - parfois subtils - qui ont contribué à façonner le serial killer gay : éducation puritaine par une grand-mère perverse, homophobie ambiante, métier d'infirmier éprouvant, liberté d'aller baiser hors du couple que lui impose son mec, initiation à son insu au chemsex… Provocateur, le réalisateur nous interpelle particulièrement quand il intègre les témoignages des deux hommes qui ont survécu à ses exactions. L'un avoue que Lars a été son meilleur coup. L'autre reconnaît qu'il lui a donné l'envie de découvrir le monde. Depuis la nuit où il faillit mourir, pour rien, il sait que du jour au lendemain tout peut s'arrêter. Alors autant profiter de la vie.
FLASHBACK 4 : Il y a deux ans, une curiosité allemande faisait la une des médias. Alors que la peine de mort est abolie en Allemagne au niveau fédéral, un land, Le Hesse, l’avait encore inscrite dans sa propre constitution. Certes, elle y était inapplicable car c’est la loi fédérale qui prime, mais cela avait quand même de quoi surprendre. Par référendum, la disposition a été supprimée le 1er novembre 2018. Désormais l’Allemagne n’a officiellement plus aucune disposition prévoyant la peine de mort.Ouais… Officiellement ! Car la fin de Darkroom nous montre quelque chose qu'on ne peut interpréter que d'une façon : pour débarrasser la société d’un homme décrit comme tout simplement "méchant" et "cupide" par la procureure, il suffit que les juges le condamnent en lui retirant les mesures de protection qui l'avaient empêcher de se suicider dans sa cellule à de multiples reprises…
Darkroom, le film troublant d’un réalisateur queer engagé qui ne s’interdit rien, surtout pas d’entrer dans la tête d’un tueur en série gay pour en être son avocat. À découvrir en VOSTF sur QueerScreen !
Pour apprécier au mieux le propos d’un film qui a pour héros un tueur en série gay - un sujet ultrasensible ! -, nous avons jugé bon de le contextualiser :
FLASHBACK 1 En mai 2012, le « meurtrier des darkrooms », comme l’avaient surnommé les médias allemands, était enfin arrêté (voir ici et là). Âgé de 37 ans et originaire de Sarrebruck, Dirk P. sévissait à Berlin depuis le mois d’avril de la même année. Il administrait à ses victimes des doses mortelles de GHB afin de les voler alors qu’il n’avait aucun problème financier. Trois hommes sont décédés. Un autre a pu être sauvé. Condamné, Dirk P. s'est suicidé en 2014 dans le service hospitalier de la prison.Darkroom est très inspiré de cette affaire qui a bouleversé la communauté gay berlinoise. Rosa von Praunheim s’est associé à la journaliste judiciaire Uta Eisenhardt pour écrire le scénario. Les noms et certains faits ont toutefois été modifiés pour en faire une œuvre de fiction et non un documentaire.
FLASHBACK 2 Sorti en salle en juin 2013, L’inconnu du Lac d’Alain Guiraudie offre à Christophe Paou le rôle de Michel, un serial killer gay. Cultissime, ce film français n’en a pas moins désarçonné certains spectateurs. Parce qu’on n’est pas dans la tête du tueur, on se sait pas exactement pourquoi il élimine ceux qui veulent de lui une relation durable. Et jamais on ne le saura car il disparaît à la fin, laissant seul Franck (Pierre Deladonchamps) qui est parvenu à lui échapper. À moins que le beau et dangereux Michel ait décidé de le laisser vivre ?
Dans Darkroom, on est au contraire dans la tête de Lars Schmieg, le « meurtrier des darkrooms ». S'il garde une part de mystère, nous, spectateurs, ne pourrons pas dire qu'on ne sait rien de ses motivations. Question physique, l'acteur allemand qui l'interprète, Božidar Kocevski, n'a peut-être pas la beauté évidente de Paou. Mais son corps athlétique et velu est bandant. Quand il plaque ses cheveux en arrière lors de ses virées meurtrières, il plaît. Du reste, Kocevski apparaît des plus sexe, le crâne rasé et barbu, sur son Instagram.
FLASHBACK 3 En novembre 2015, alors qu’il s’exprimait sur les terroristes djihadistes, le premier ministre français de l'époque s'en était pris à la "culture de l'excuse". Il a prononcé ce qu’on n’aurait jamais cru entendre d’un homme qui se dit de gauche : « …Il ne peut y avoir aucune explication qui vaille ; car expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser. » Une position qui a provoqué un tollé chez les psys et les sociologues (lire ici), mais qui n'en est pas moins dans l'air du temps. Qui veut chercher à comprendre ceux qui commettent des crimes d'une cruauté indicible ? Ou gratuits ? La tentation est si grande de les considérer comme des monstres à condamner d'office aux pires peines. D'après un sondage rendu public le 14 septembre dernier, plus d'un Français sur deux est désormais favorable à la peine de mort (lire là).Faisant alterner les flashbacks avec les scènes dans le tribunal et dans la cellule, von Praunheim cherche pour sa part à expliquer. Il agglomère les ressorts psychologiques et sociologiques - parfois subtils - qui ont contribué à façonner le serial killer gay : éducation puritaine par une grand-mère perverse, homophobie ambiante, métier d'infirmier éprouvant, liberté d'aller baiser hors du couple que lui impose son mec, initiation à son insu au chemsex… Provocateur, le réalisateur nous interpelle particulièrement quand il intègre les témoignages des deux hommes qui ont survécu à ses exactions. L'un avoue que Lars a été son meilleur coup. L'autre reconnaît qu'il lui a donné l'envie de découvrir le monde. Depuis la nuit où il faillit mourir, pour rien, il sait que du jour au lendemain tout peut s'arrêter. Alors autant profiter de la vie.
FLASHBACK 4 : Il y a deux ans, une curiosité allemande faisait la une des médias. Alors que la peine de mort est abolie en Allemagne au niveau fédéral, un land, Le Hesse, l’avait encore inscrite dans sa propre constitution. Certes, elle y était inapplicable car c’est la loi fédérale qui prime, mais cela avait quand même de quoi surprendre. Par référendum, la disposition a été supprimée le 1er novembre 2018. Désormais l’Allemagne n’a officiellement plus aucune disposition prévoyant la peine de mort.Ouais… Officiellement ! Car la fin de Darkroom nous montre quelque chose qu'on ne peut interpréter que d'une façon : pour débarrasser la société d’un homme décrit comme tout simplement "méchant" et "cupide" par la procureure, il suffit que les juges le condamnent en lui retirant les mesures de protection qui l'avaient empêcher de se suicider dans sa cellule à de multiples reprises…
Darkroom, le film troublant d’un réalisateur queer engagé qui ne s’interdit rien, surtout pas d’entrer dans la tête d’un tueur en série gay pour en être son avocat. À découvrir en VOSTF sur QueerScreen !
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