« Boys » sur QueerScreen : L'amour peut être une force salutairement subversive !

« Boys » sur QueerScreen : L'amour peut être une force salutairement subversive !

Un baiser et votre vision du monde est chamboulée. Ami fidèle, fils parfait et frère moralisateur, l’adolescent que vous êtes s’émancipe des carcans familiaux et des normes sociales pour devenir moins parfait, plus tolérant, plus libre d’être lui-même auprès de celui qu’il aime. Voici en résumé ce dont parle Boys diffusé sur QueerScreen, la première plateforme LGBTQ+ en France. Voici la bande-annonce :
https://www.youtube.com/watch?reload=9&v=2c-MwNHmZCM
Diffusé initialement le 9 février 2014 sur NPO Zapp, une chaîne néerlandaise pour enfants et adolescents, Jongens a eu un tel succès public et critique qu’il a bénéficié d’une sortie cinéma, son titre devenant Boys à l’international. Il a en outre récolté une moisson de prix en 2014, dont quatre au Festival du film de la jeunesse de Zlin en République tchèque et le prix du meilleur film familial néerlandais au Cinekid.
Diverses affiches et jaquettes de Jongens/Boys…

Rapportées par AlloCiné, deux déclarations de la réalisatrice hollandaise Mischa Kamp témoignent de la nature pédagogique de son film. Il s’agit d’ouvrir les esprits et de faciliter la discussion sur l’homosexualité adolescente. Ainsi dit elle : « L’homosexualité est présente partout dans notre société. C'est un sujet important qu'il est essentiel d'aborder. J'espère qu'un film comme celui-ci jouera un rôle pour ouvrir les esprits, d'autant plus qu'il peut toucher un large public par le biais du cinéma, de la télévision, d'Internet et de possibles projections dans les milieux scolaires. Je pense aussi qu'il est important que ce sujet soit diffusé par des médias que les adolescents ont l'habitude d'utiliser. » Et elle ajoute :« Des adolescents hétérosexuels vivent l'amour comme une bonne expérience qui peut être partagée et discutée, alors qu'un jeune homosexuel se sentira isolé. Se sentir différent des vis-à-vis des autres, c'est justement ce que les jeunes cherchent à éviter. J'espère que ce film donnera l'occasion de réfléchir aux enfants comme aux adultes et facilitera un débat qui devient nécessaire. »
Dès plus louables, cet objectif respecte indéniablement le cahier des charges de la chaîne NPO Zapp qui vise un public familial. En conséquence, la réalisatrice ne cherche pas à « effrayer » parents, enfants et ados. Les jeunes héros qui tombent amoureux, Sieger (interprété par Gijs Blom) et Marc (Ko Zandvliet), ne vivent pas ce que d’autres peuvent endurer, ni dans dans la réalité, ni dans des œuvres de fiction. À savoir l'homophobie, le harcèlement, le rejet, le viol, la drogue, le suicide… On est très loin d’une vision anxiogène de l’homosexualité adolescente. La toute fin de Boys s’apparente d’ailleurs à une happy-end. Quant aux scènes de sexe explicites ou suggérées entre les deux garçons, elles sont tout simplement inexistantes. Il y a toutefois un passage où Sieger semble se masturber alors qu’il est seul sous la douche. Mais c’est tellement discret et bref…

Boys serait-il une film trop chaste ? Non, car il n’est pas dépourvu d’érotisme. Gijs Blom et Ko Zandvliet ont la joliesse des modèles de Bel Ami, Staxus, Ayor, Helix ou FrenchTwinks. Les scènes où on les voit s’amuser en caleçon dans un cours d’eau pourraient constituer une introduction à une scène porno estampillée "Twinks". Gravitent également des seconds rôles et des figurants qui valent le coup d’œil comme Jonas Smulders qui joue le rôle d’Eddy, le frère de Sieger.
Boys serait-il un film réservé uniquement au public familial ? Non, car Mischa Kamp lance des pistes plus tortueuses. Aux adultes que nous sommes de les compléter. Par exemple, au jeu de l’amour, Sieger se montre cruel. Au choix qu’il a de vivre ouvertement son homosexualité avec Marc ou de la cacher en se mettant avec une fille qu’il ne désire pas, Jessica, il y a au final la perdante. On souffre aussi pour elle car on sait que ses attentes ne seront jamais satisfaites. Va-t-elle s’en remettre ? Le peut-elle ?
Le film fait aussi remonter à la surface la nostalgie de ce qu’on n’a pas vécu. Par manque de maturité, on n’avait pas voulu voir dans l’ami si attentionné et si sensible autre chose qu’un camarade. Par peur du qu'en-dira-t-on, on n’a pas voulu aller plus loin que de parler de banalités avec celui qui nous plaisait tant. Parce qu’on n’a pas osé, on ne saura jamais si on a fait ou non les bons choix.
Boys, une œuvre remarquable qui rappelle combien l’amour peut être une force salutairement subversive. À découvrir en VOSTF sur QueerScreen !

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