Sortie aux USA en 2012, la sulfureuse - et passionnante - autobiographie Full Service: My Adventures in Hollywood and the Secret Sex Lives of the Stars avait bénéficié l’année suivante d’une traduction française aux Éditions Hugo & Co : Full Service : sexe, amours et secrets de stars à Hollywood.
Ancien marine, agent de station-service et barman, le bisexuel Scotty Bowers avait vendu ses charmes et servi d’entremetteur auprès de personnalités, principalement hollywoodiennes, à partir des années 1940/1950 jusqu’à la fin des années 1980. Il vient de décéder chez lui à Los Angeles le 13 octobre dernier. Il avait 96 ans. RIP.
- Photos : Scotty Bowers et Matthias-Vriens Mcgrath
Parmi les nombreux noms que Bowers citait, il y avait Spencer Tracy (« Il buvait jusqu’à l’ivresse, mais c’était un sacré bon coup »), Katharine Hepburn (« Au fil du temps, ce sont plus de cent cinquante jeunes femmes différentes que je devais lui présenter ») et Tyrone Power (« Il avait des goûts bizarres – il se passionnait pour l’urine et les excréments – mais les garçons s’en fichaient. »). Son livre avait fait l’objet en 2018 du documentaire Scotty and the Secret History of Hollywood dont voici la bande annonce…
En attendant une adaptation cinématographique qu’on espère pour bientôt, ce témoignage s’était déjà propagé dans le monde des comics. Même si elle n’est pas créditée, l'autobiographie de Bowers est l’une des sources d’inspiration de Jupiter’s Circle. Série limitée scénarisée par Mark Millar - un très grand nom dans le milieu BD -, parue en 2015/2016 aux USA et traduite cet été en France chez Panini sous la forme d’un album, Jupiter’s Circle aurait pu avoir pour sous-titre : La face cachée des super-héros ! :-)
Les héros en question sont au nombre de six : Lady Liberty, Flare, Blue-Bolt, Brain-Wave, Skyfox et Utopian. Ils constituent la première génération de justiciers US dotés de pouvoirs surhumains. On les voit évoluer au sein de leur groupe, Union, de 1959 à la fin des années 1960.
Le premier chapitre de Jupiter’s Circle s’intéresse tout particulièrement à celui des six qui a une triple identité : chirurgien issu d’une famille conservatrice fortunée, Richard Conrad est Blue-Bolt, le super-héros masqué d’une Amérique fière de ses surhommes sans peur et sans reproche. Mais il est gay et vit en secret sa sexualité en enchaînant les aventures d’un soir.
- Cases : Jupiter's Circles / Netflix Entertainment-Panini Comics
Pour se trouver des mecs, il a souvent recours à un certain Danny. Cet ancien marine se sert de la station service où il travaille pour couvrir ses activités lucratives d'escort et d'entremetteur auprès de VIP de Hollywood.
- Cases : Jupiter's Circles / Netflix Entertainment-Panini Comics
Ce Danny est Scotty Bowers ! Et Blue-Bolt est comme Walter Pidgeon, Katharine Hepburn et toutes ces autres stars qu'a aidées Bowers !!! Elles préféraient rester dans le placard de peur, sinon, de ruiner leur carrière.
- Cases : Jupiter's Circles / Netflix Entertainment-Panini Comics
« J’ai vu ce que vivre un mensonge peut faire. Nous sommes une ville homo vendant au monde un idéal hétérosexuel. Tu t’es jamais demandé pourquoi on était tous accros à l’alcool et aux cachets ? »
Quelle tirade ! Qui sonne toujours juste alors que la visibilité LGBT à Hollywood a progressé. Notons que les cinq coéquipiers de Blue-Bolt - tous hétéros - ont eux-aussi une vie sexuelle compliquée. On vous invite à le découvrir en parcourant Jupiter's Circles avec le même plaisir que nous avons éprouvé. Ce qu’on ne se prive toutefois pas de spoiler, c’est qu'Utopian, l’homme qui est en tout point idéal, est quitté par sa première épouse en ces termes : « J’ai besoin de rapports sexuels décevants de temps en temps, comme ça je me sentirai moins mal pour mes rides et ma cellulite. J’ai besoin de quelqu’un d’égoïste, qui a mauvais caractère et qui est paresseux parce que comme ça, je pourrai accepter de l’être aussi. Je veux un homme imparfait. » Sic.